Stéphane MALLARMÉ (1842-1898)
Poèmes de jeunesse
« Parce que de la viande... »
dans le "Parnasse contemporain" (1866)
Brise marine
Poésies (1887)
Hérodiade
« Ses purs ongles... »
« Ô si chère de loin... »
Poésies (1899)
Remémoration d'amis belges
Parce que de la viande était à point rôtie,
Parce que le journal détaillait un viol,
Parce que sur sa gorge ignoble et mal bâtie
La servante oublia de boutonner son col,
Parce que lit, grand comme une sacristie,
Il voit, sur la pendule, un couple antique et fol,
Ou qu'il pas sommeil, et que, sans modestie,
Sa jambe sous les draps frôle une jambe au vol,
Un niais met sous lui sa femme froide et sèche,
Contre ce bonnet blanc frotte son casque-à-mèche
Et travaille en soufflant inexorablement :
Et de ce nuit, sans rage et sans tempête,
Ces deux êtres se sont accouplés en dormant,
Ô Shakspeare et toi, Dante, il peut naître un poëte !
Brise marine
La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par tes yeux
Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature !
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs !
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Hérodiade
LA NOURRICE - HÉRODIADE
N.
Tu ...
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