Le printemps proscrit : poème en 3 chants ; suivi de plusieurs lettres à M Delille sur la pitié / par M. Michaud
CHANT PREMIER
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Qu' un autre des héros célèbre les exploits,
qu' il chante la puissance et les bienfaits des rois ;
ami de leur pouvoir bien plus que de leur gloire,
qu' il encense à-la-fois Plutus et la victoire ;
je redoute la pompe et l' éclat des grandeurs.
élevé dans l' exil et nourri dans les pleurs,
tandis que la discorde ensanglante la terre,
je redis mes chagrins à l' écho solitaire.
Je te revois enfin, aimable et doux printemps,
je chante tes bienfaits, inspire mes accents,
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pare-moi de tes fleurs nouvellement écloses.
Prête à mes doux pensers la fraîcheur de tes roses,
et qu' à ta voix, la paix, l' espoir consolateur,
ainsi que dans les champs renaissent dans mon coeur.
Déjà les nuits d' hiver, moins tristes et moins sombres,
par degré de la terre ont éloigné leurs ombres ;
et l' astre des saisons, marchant d' un pas égal,
rend au jour moins tardif son éclat matinal.
Avril a réveillé l' aurore paresseuse ;
et les enfans du nord, dans leur fuite orageuse,
sur la cîme des monts ont porté les frimats.
Le beau soleil de mai, levé sur nos climats,
féconde les sillons, rajeunit les bocages,
et de l' hiver oisif affranchit ces rivages ;
la sève emprisonnée en ses étroits canaux,
s' élève, se déploie et s' alonge en rameaux ;
la colline a repris sa robe de verdure ;
j' y cherche le ruisseau dont j' entends le murmure ;
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dans ces buissons épais, sous ces arbres touffus,
j' écoute les oiseaux, mais je ne les vois plus.
Des pâles peupliers la famille nombreuse,
le saule ami de l' onde, et la ronce épineuse,
croissent ...
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