Histoire chameau
Le chameau qui plus de dents,
Ce soir, n'est pas content.
Il est allé chez le dentiste,
Un homme noir et triste,
Et le dentiste lui a dit
Que ses soins n'étaient pas pour lui.
Tas de salauds, qu'il dit le chameau,
Vous êtes venus parmi mes sables
Avec des airs peu aimables,
Des airs de désert, bien sûr,
Aussi sûrs que les pommes sures.
Vous mis une selle,
Vous chevauché surmontés ombrelle,
Et va te faire foutre,
Si j'ai mal aux dents...
Mais puisque tu n'as plus de dents !
Précisément, j'ai mal aux dents de plus avoir.
Alors tu désires un râtelier ?
Je voudrais bien voir un chameau porter râtelier !
Un râtelier manger au râtelier !
Le chameau qui plus de dents,
On l'abandonne dans le désert.
Alors il pisse lentement dans le sable qui se creuse en entonnoir
Tandis que la caravane s'éloigne, à travers les dunes creusées en entonnoirs,
A travers les dunes,
Elles-mêmes creusées en entonnoirs.
Destinée arbitraire (État de veille)
Suicidés
Pendus, égorgés, empoisonnés,
Voici la foule des suicidés :
Le chemin se hérisse, il a la chair de poule.
Poignardés, noyés, précipités,
Brisés par les roues du train,
Suicidés vous n'avez pas gagné.
Vous avez perdu
Frères ! Frères perdus
Qui donnez le mauvais exemple.
1936
Destinée arbitraire (État de veille)
Rêves
Poser sa tête sur un oreiller
Et sur cet oreiller dormir
Et dormant rêver
A des choses curieuses ou d'avenir,
Rêvant croire à ce rêve
Et rêvant garder la notion
De la vie qui passe sans trêve
Du soir à l'aube sans rémission.
Ceci est presque normal,
Ceci est presque délicieux
Mais je plains ceux
Qui dorment vite et mal,
Et, mal éveillés, rêvent en marchant.
Ainsi j'ai marché autrefois,
J'ai marché, agi en rêvant,
Prenant les rues pour les allées bois.
...
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Go to begin of the document
Go to previous page
Go to next page
Go to the end of document
