A LA MORPHINE
Sonnet, par Jules Verne
Prends, s''il le faut, docteur, les ailes de Mercure
Pour m''apporter plus tôt ton baume précieux !
Le moment est venu de faire la piqûre
Qui, de ce lit d''enfer, m''enlève vers les cieux.
Merci, docteur, merci ! Qu''importe que la cure
Maintenant se prolonge en des jours ennuyeux !
Le divin baume est là, si divin qu''Epicure
Aurait dû l''inventer pour l''usage des Dieux !
Je le sens qui circule, qui me pénètre !
De l''esprit et du corps ineffable bien-être,
c''est le calme absolu dans la sérénité.
Ah ! Perce-moi cent fois de ton aiguille fine
Et je te bénirai cent fois, Sainte Morphine,
Dont Esculape eût fait une divinité.
Jules Verne (Poésies inédites)
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