Guerau de Liost
AMOUR SYLVESTRE
* * *
Tu n'es pas né, Amour, de cette onde azurée
que la beauté d'Aphrodite berçait,
ni de l'écume, linge déplié;
mais d'un jet brûlant de sève
et d'un regard du soleil couchant.
Tu es brume indolente et pâle
et tu t'emmêleras au feuillage élancé.
Comme un buisson aux aguets dans l'ombrage,
tu blesses la vierge qui revient de la messe,
soleil des yeux, sève du sang.
Tu forças les portes de la passion,
j'écoutais, craintif, le bruit de tes pas,
obscur Amour du bois et des jardins,
porteur de l'amertume des vignes mortes
et de la pitié diffuse des bruyères.
Si le fleuve se gonfle de tristesse,
le ciel éclaire ton humble regard,
et, dans la douleur qui m'afflige et me brise,
la chair et le sang deviennent très subtiles
flammes sous la cendre austère.
Ainsi l'Amour sera sylvestre branche,
oiseau méthodique et feuilles mortes,
sentier de sable, source bouillonnante,
gourmand écureil, savoureuse amande,
et, davantage, soleil évanoui.
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