Postface
Fortunes, qui rassemble les poèmes période de dix ans (les plus récents sont vieux de cinq), me donne l'impression d'enterrer ma vie de poète.
Mais, en revanche, à la faveur de l'éloignement, je puis porter sur ces vers un libre jugement. Je ne méconnais point ce qui a vieilli dans les deux premiers poèmes. J'y délimite les déserts qui séparent des passages inspiration plus ardente. Mais, si une image a jamais excusé un défaut, je les comparerai à ces espaces vides où le vent se repose, où les oiseaux grands voiliers suspendent leur course. Une certaine impudeur me gêne encore dans ces textes dont tend au grandiose mais se dégage mal brouillard verbal. Une de mes ambitions, en effet, est moins de faire maintenant de la poésie, rien n'est moins rare, que des poèmes dont mes camarades et moi, vers 1920, nous niions la réalité, admettant alors que, de la naissance à la mort, un grand poème s'élaborait dans le subconscient du poète qui ne pouvait en révéler que des fragments arbitraires. Je pense que l'art (ou si l'on veut la magie), qui permet de coordonner l'inspiration, le langage et l'imagination, offre à l'ecrivain un plan supérieur Ai-je réussi ? Je pense que oui en ce qui concerne l'Évadé, Baignade, Coucou, la Ville de Don Juan, 10 juin 1936. J'ai des doutes en ce qui concerne le reste du recueil. Je note pourtant des progrès dans la recherche langage poétique, à la fois populaire et exact, et des trouvailles, particulièrement dans des fins de poèmes qui restent comme suspendus (et non pas inachevés). cette recherche langage familier el lyrique qui devait m'amener à reprendre les lieux communs, les thèmes en apparence usés. J'aurais joint à ce recueil, si je l'avais retrouvé, le texte de la Cantate pour l'Inauguration du ...
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