GUY DE MAUPASSANT
FINI
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Le comte de Lormerin venait d'achever de s'habiller. Il jeta un dernier regard dans la grande glace qui tenait un panneau entier de son cabinet de toilette et sourit.
Il était vraiment encore bel homme, bien que tout gris. Haut, svelte, élégant, sans ventre, le visage maigre avec une fine moustache de nuance douteuse, qui pouvait passer pour blonde, il avait de l'allure, de la noblesse, de la distinction, ce chic enfin, ce je ne sais quoi qui établit entre deux hommes plus de différence que les millions.
Il murmura :
"Lormerin vit encore !"
Et il entra dans son salon, où l'attendait son courrier.
Sur sa table, où chaque chose avait sa place, table de travail du monsieur qui ne travaille jamais, une dizaine de lettres attendaient à côté de trois journaux d'opinions différentes. D'un seul coup de doigt il étala toutes ces lettres, comme un joueur qui donne à choisir une carte ; et il regarda les écritures, ce qu'il faisait chaque matin avant de déchirer les enveloppes.
C'était pour lui un moment délicieux d'attente, de recherche et de vague angoisse. Que lui apportaient ces papiers fermés et mystérieux ? Que contenaient-ils de plaisir, de bonheur ou de chagrin ? Il les couvait de son regard rapide, reconnaissant les écritures, les choisissant, faisant deux ou trois lots, selon ce qu'il en espérait. Ici, les amis ; là, les indifférents ; plus loin les inconnus. Les inconnus le troublaient toujours un peu. Que voulaient-ils ? Quelle main avait tracé ces caractères bizarres, plein de pensées, de promesses ou de menaces ?
Ce jour-là, une lettre surtout arrêta son oeil. Elle était simple pourtant, sans rien de révélateur ; mais il la considéra avec inquiétude, avec une sorte de ...
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