Le bateau était couvert de monde. La traversée s'annonçant fort belle, les Havraises allaient faire un tour à Trouville.
On détacha les amarres ; un dernier coup de sifflet annonça le départ, et, aussitôt, un frémissement secoua le corps entier du navire, tandis qu'on entendait, le long de ses flancs, un bruit d'eau remuée.
Les roues tournèrent quelques secondes, s'arrêtèrent, repartirent doucement ; puis le capitaine, debout sur sa passerelle, ayant crié par le porte-voix qui descend dans les profondeurs de la machine : "En route !" elles se mirent à battre la mer avec rapidité.
Nous filions le long de la jetée, couverte de monde. Des gens sur le bateau agitaient leurs mouchoirs, comme s'ils partaient pour l'Amérique, et les amis restés à terre répondaient de la même façon.
Le grand soleil de juillet tombait sur les ombrelles rouges, sur les toilettes claires, sur les visages joyeux, sur l'Océan à peine remué par des ondulations. Quand on fut sorti du port, le petit bâtiment fit une courbe rapide, dirigeant son nez pointu sur la côte lointaine entrevue à travers la brume matinale.
A notre gauche s'ouvrait l'embouchure de la Seine, large de vingt kilomètres. De place en place les grosses bouées indiquaient les bancs de sable, et on reconnaissait au loin les eaux douces et bourbeuses du fleuve qui, ne se mêlant point à l'eau salée, dessinaient de grands rubans jaunes à travers l'immense nappe verte et pure de la pleine mer.
J'éprouve, aussitôt que je monte sur un bateau, le besoin de marcher de long en large, comme un marin qui fait le quart. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Donc je me mis à circuler sur le pont à travers la foule des voyageurs.
Tout à coup, on m'appela. Je me retournai. C'était un de mes vieux amis, Henri Sidoine, ...
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